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Conception de l'enfance
--> Source : Document des Francas du Var
L’idée
d’enfance
Le mot enfant nous vient du latin infans qui signifie : celui qui ne parle pas. On voit déjà fidèlement se refléter dans cette origine du mot une conception bien particulière de l’enfant : sois sage et tais-toi ! L’historien Philippe ARIES a
montré l’évolution de l’idée d’enfance. De façon succincte on peut retracer
cette histoire de la façon suivante : - Avant le XVI° siècle l’enfant n’existe pas
réellement en tant que tel. Dès que les jeunes sont en capacité de travailler
(vers 6/7 ans) ils basculent dans le monde adulte. L’enfant vivait comme les
adultes, il était reconnu comme un adulte. Ainsi les pères gaulois avaient
droit de vie et mort sur les enfants. Les lois Romaines autorisaient les hommes
à accepter ou refuser un enfant à sa naissance. - Au XVII° et XVIII° siècles, sous
l’influence des philosophes de l’époque, deux conceptions de l’enfance
opposées, apparaissent. L’une considère l’enfant comme
un être corrompu, foncièrement mauvais. Il s’agir de corriger l’enfant pour
assurer son salut. L’enfance est perçue comme une période négative de la vie. L’autre considère l’enfant comme
un être de pureté, d’innocence qu’il faut protéger. Ces deux conceptions vont
conduire toutes les deux à séparer l’enfant du monde des adultes, en l’enfermant
dans les écoles. De plus la société voyait dans l’enfant un futur adulte
pouvant travailler efficacement, et devenir un soldat. Un des premiers pédagogues, Jean
Jacques Rousseau, reconnaît à l’enfant des caractéristiques propres et amène
l’idée d’une spécificité de l’enfance. « Il faut laisser à l’enfant
l’exercice de la liberté naturelle. L’enfant n’est pas un petit adulte, mais il
a ses caractéristiques propres. - Au XIX° siècle les enfants
d’ouvriers continuent à travailler dans des conditions très difficiles. Une
série de lois va peu à peu protéger l’enfant, mais le travail des enfants
continuera jusqu’au début du début du XX° siècle. 12 Mars 1841 : Interdiction de faire travailler les
enfants de moins de 8 ans. Limitation à 8 h de travail pour les enfants entre 8
et 12 ans, et à 12 h après 12 ans. 24 Juillet 1889 : Lois sur les abus de la puissance
paternelle. 19 avril 1898 : Lois sur la répression des violences. En matière
d’éducation, les lois GUIZOT en 1833,
puis FERRY au début de la troisième république instituent l’école publique,
primaire, laïque et obligatoire. Un peu plus
tard, au début du XX° siècle : 1924 : la société des Nations adopte une « déclaration sur les
droits de l’enfant » en 5 points. En 1959 la « déclaration des doits de l’enfant » en 10 principes
est proclamée : L’enfant doit
bénéficier d’un protection spéciale et se voir accorder des possibilités et des
facilités par l’effet de la lois et par d’autres moyens, afin d’être en mesure
de se développer d’une manière saine et normale sur les plans physique,
intellectuel, moral, spirituel, social, dans des conditions de liberté et de
dignité, dans l’adoption des lois. A cette fin, l’intérêt supérieur de l’enfant
doit être la considération dominante. Henri WALLON
rajoute : Aujourd’hui, notre
pays est économiquement avancé, nous sommes encore dans la préhistoire de
l’humanité. Chacun a la possibilité de participer à l’évolution de cette idée
d’enfance. 1979 : sera l’année internationale de l’Enfant. On y préparera
le projet de Convention relative aux Droits de l’Enfant. Le 20 Novembre
1989 l’assemblée générale des Nations Unies adoptait A ce jour 194
pays ont signé et ratifié Signer c’est
faire une déclaration d’intention, ratifier c’est par un vote du parlement
proclamer l’adhésion du pays et sa volonté d’appliquer le texte en mettant en
conformité ses lois avec la convention. Une convention
est un instrument international contraignant, elle a force de loi. Elle vient
se placer dans la hiérarchie des textes de Droit, entre la constitution et les
lois. En affirmant que
l’enfant est titulaire des mêmes droits et des mêmes libertés fondamentales que
l’adulte, elle lui reconnaît un statut de personne et citoyen : l’état se doit
d’aménager l’exercice de ces droits et libertés dans les lieux où les enfants
sont amenés à vivre et à agir : les droits de l’enfant ne doivent donc plus s’arrêter
à la porte des écoles et autres équipements qui accueillent les enfants ; Deux pays n’ont
pas ratifié la convention :Les Etats Unis et Cette
Convention est tout à la fois un texte juridique et
philosophique, politique et pratique. Juridique: car
il commence à être considéré comme une source du droit par les Etats qui l'ont
ratifié. Philosophique:
car il propose une certaine conception de l'enfance et de l'éducation: l'enfant
est une personne, objet de protection et acteur de cette protection, devant
tout à la fois bénéficier de prestations spéciales et être regardé comme acteur
de sa propre vie. Politique: car son application, qui ne saurait
qu'être progressive, dépend aussi bien de la coopération entre les nations que
de la vigilance et de la capacité d'action des organisations non gouvernementales,
c'est à dire des associations. Pratique: car
de nombreuses dispositions ne nécessitent pas forcément de lourds préalables
institutionnels pour être appliquées, a fortiori, dans
les Etats disposant des ressources nécessaires. Les droits dits
de participation, énoncés dans - 12 (liberté
d'opinion), 13 (liberté d'expression et d'information), 14 (liberté de conscience
et de religion). Cela déroute
les adultes qui devront poser un autre regard sur
l'enfance; et 15 (liberté
d'associations et de réunion) admettre
que l'enfant puisse avoir son mot à dire sans
avoir à demander une autorisation préalable et
sans se voir opposer de veto est une inversion de l'ordre des choses. Leur bonne application dépend d'abord
d'une évolution du regard des adultes sur les enfants et secondairement
seulement d'une évolution du droit qui en découlera nécessairement. Ecrit par didier93, le Jeudi 2 Juillet 2009, 12:51 dans la rubrique "Droits de l'Enfant".
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